Comment ?J’ai donc commencé à chercher, j’ai laissé doucement cette envie m’envahir, cessé toute relation de dominante... De longues heures de discussion ont donc égrené ma vie durant quelques semaines, mois même...sur le net, au téléphone, devant un café...j’ai croisé de tout et pas que du bon, bien-sûr, les hommes dominants ou se disant tels sont étonnants de bêtise parfois, de prétention, d’orgueil et d’égocentrisme...comme ex-dominante, le moindre faux pas les envoyaient aussitôt aux oubliettes... J’en ai croisé de fort intéressants, devenus des amis pour certains d’entre eux d’ailleurs ...(on ne sait jamais, ça peut servir les soirs de grand manque). Soyons honnête, ce passage ne me fut ni léger, ni facile et ne s’est pas fait sans dégâts collatéraux; ma vie a changé petit à petit, mes envies aussi... Il m’a d’abord fallu “vérifier” mes envies, parce qu’au fond, même si mon envie de don, d’abandon, me semblait évidente, je n’étais pas sûre de le “supporter”. J’avais dominé si longtemps, j’avais pris tant de plaisir à lire, découvrir les envies, les plaisirs de l’autre, à l’y amener doucement mais fermement, à l’éveiller encore et encore; je ne savais pas si je pourrais accepter de le vivre en sens inverse. Ce fut fait donc avec un adorable et rieur mais néanmoins sérieux “shibariste”, amoureux de ses cordes bien plus que de la “soumission” codifiée, et ça me convenait plutôt... et les cordes, rien de mieux pour entrer en soumission en douceur mais fermement ...j’ai donc testé, j’ai adoré...mon sens de l’esthétisme, sûrement...être cet objet créé petit à petit, patiemment , doucement, sentir s’éloigner au fur et à mesure la “dom” et sentir la “soumise” apparaître...un drôle de bout de bonne femme, inconnue jusqu’alors... Au fur et à mesure de mes recherches, je suis devenue vulnérable, j’ai failli me perdre cent fois, mais je suis encore là. Alors oui, j’ai traversé, oui, même pour moi, c’est encore parfois une énigme, je pourrais citer mille et une raisons : - Lassitude à dominer, à devoir lire, réfléchir, penser, imaginer, éviter tousles pièges, mais il n’y a pas que la lassitude, sinon j’aurais simplement fait une pause. - La résurgence de ce côté masochiste, oui sûrement, parce que très vite, il prend sa place exigeante de besoin, que cette part là est parfois dévorante... - L’envie de subir ce que l’on a fait subir ? Là je dis non, je n’ai jamais eu le sentiment qu’il me fallait “payer”, je n’ai donné que ce que l’autre attendait, demandait. Ni regret, ni remord ! Alors quoi?Il me faut vous dire aussi que sans doute, la Dom, celle qui aimait provoquer le feu et l’éteindre, celle qui aimait lire ce regard d’abandon, de reconnaissance, ne disparaîtra jamais tout à fait; Peut-être même qu’un jour elle redominera. Mais à ce stade, disons le, je hais ces étiquettes, trop réductrices à mon goût : SM, D-s, masochiste, soumise, dominant(e), maître(sse), le vous, le tu...dans tout cela il est question de notre être profond, de notre plaisir, de notre jouissance. Alors oui, mon plaisir n’existe plus dans la douleur, enfin ce que les autres appellent la douleur...dans ce cadre-là, pour moi, elle est PLAISIR. Oui, j’aime autant recevoir la cravache que je n’ai aimé la donner ! Oui, j’aime le fouet, sa morsure et ses éclairs de jouissance ! Je pourrais faire la liste de pratiques, d’objets, je pourrais vous décrire chacun de ces plaisirs, ça ne vous dirait pas plus “POURQUOI” ce passage... Qui peut savoir le goût de cet abandon justement sans l’avoir ressenti, juste RESSENTI ! Pas imaginé, pas lu chez l’autre; quand le corps, l’âme, quand chaque cellule se donnent, rien n’est égal à ce TOUT. Un an plus tard, donc, j’en suis là, je découvre chaque jour encore, celle que je deviens peu à peu, pour Lui, pour moi, pour Nous. Je traîne depuis des semaines pour écrire ce texte parce que sans doute, jamais je ne pourrai y décrire les vraies raisons de ce passage sauf peut-être en disant que, tout à coup j’ai ressenti cette exigence impérieuse, totale, profonde, vraie, sincère. Les uns pensent que je l’ai toujours eue, les autres que je devais mûrir; d’autres encore que je n’y resterai pas; en fait peu m’importe, je suis dans le feu alors que je me suis sentie à côté à un instant très précis, j’ai voulu qu’il m’embrase à nouveau et je n’avais pas d’autre choix. Oui voilà ! La réponse au “pourquoi?” est dans ces quelques mots : “JE N’AVAIS PAS LE CHOIX ! ”© eclipse 12/2005 |