Il n'y a pas une soumission, il y a des soumises/soumis et des Maîtres/Maîtresses, voire des Dominants. Chacun ses limites, ses envies refoulées, ses passions enfouies, ses désirs plus ou moins bien exprimés. Nous avons tous besoin de soupapes pour faire face à la vie quotidienne et ses tracas. Certains font du sport et se dépassent dans l'effort qu'ils font sur leur corps et leur mental. D'autres changent tous leurs repères en voyageant, perdant ainsi leurs habitudes, échappant à leur quotidien, obligés de s'adapter à des situations nouvelles, inconnues. Chacun se met en danger dans sa vie, comme les enfants qui adorent avoir peur pour mieux sentir la sécurité du cocon familial. Il faut connaître le froid pour apprécier le chaud. Pour ma part, j'avais envie de voir jusqu'où je pouvais aller trop loin en moi-même. A quel point étais-je capable de me livrer, de me confier, d'accepter mes différentes facettes? C'est ainsi que je suis passée à des pratiques dites "hard". Au lieu de tenter l'ascension de l'Everest, je suis descendue dans mes tréfonds. Quête d'identité qui n'est pas arrivée à son terme, et qui j'espère ne le sera pas de si tôt. Car ce n'est pas tant le but qui compte. C’est le chemin pris pour y arriver. Le mien est bien de me dissoudre totalement dans les désirs de mon Maître, d'être capable d'obéir à tout ordre, de réussir à m'affranchir de tout ce qui me fait (et là je parle bien de morale et de tabous) pour accéder à des plaisirs encore plus grands. Pour que cela soit possible, nous avons passé un contrat, non écrit mais bien présent, qui me rassure et me permet d'avancer. Ce contrat, tout couple bdsm le passe. La soumise s'offre, de toutes les façons voulues par son Maître, perdant beaucoup en liberté physique, mais en échange, elle est dans une totale sécurité. Elle atteindra ses fantasmes, déculpabilisée par les ordres de son Maître. C'est une sécurité affective et sociale. En effet, le Maître ordonne, et dit ainsi quelles sont ses envies, indiquant à sa soumise par quels moyens elle va Lui plaire. Quelle femme ne choisit pas ses vêtements, sa coiffure, son maquillage, ses attitudes, ses propos, pour plaire encore et toujours à son homme, pour l'allumer, pour faire briller ses yeux? Pour qu'un couple dure, et se réalise, qu'il soit bdsm ou non, chacun séduit l'autre au quotidien. Je me sentais souvent bloquée par la mal connaissance de l'autre, que faire ou que dire pour embraser ses sens? Et je ne pense pas être la seule dans ce cas. Homme et femme sont totalement différents, dans leurs façons d'accéder au plaisir et à la jouissance, dans leur manière de percevoir le monde, dans leur approche de la vie. De savoir, par des règles écrites ou non, que mon Maître aime ou préfère telle attitude, tes comportements, me rassure. Je sais quoi faire pour le satisfaire. Je sais quoi faire pour l'enchaîner à mes grâces. Puisqu’il se livre à moi en me confiant ses désirs, je sais alors comment le surprendre. Je le connais. Il me connaît. C'est si bon alors de tout vivre ensemble... J'ai, de part mon histoire personnelle, extrêmement peur d'être abandonnée, rejetée, repoussée. Il m'offre un cadre dans lequel je sais quelle direction prendre pour le séduire en permanence. Et s'il est séduit, si je le comble, je sais qu'Il m'appartient. C'est vraiment une double appartenance: le Maître n'existe pas sans sa soumise. L'inverse est moins vrai, puisqu'une femme peut se donner au premier inconnu et tout faire pour le satisfaire, vivant seule dans ce cas sa soumission, l'autre n'étant que l'objet de son désir. Socialement, aussi, je suis rassurée, il y a quelqu'un dans l'univers qui a des fantasmes identiques aux miens, qui me trouve belle quand je suis à genoux, qui m'accepte telle que je suis dans mes rêves les plus fous. Et qui veut, pour mon épanouissement, m'aider à atteindre ces rêves. En tenant compte de mes limites, peurs, et autres freins. |