Suis-je soumise? Je me crois plus que cela, je me veux esclave. La soumission s'exprime par des jeux, des actes codifiés entre les partenaires. On peut parler de degré de soumission, que l'on associe à d'autres mots porteurs de sens, soubrette, servante, esclave, chose, objet sexuel... Il s'agit cependant pour moi de la déclinaison de sens. Jouer à être une chienne n'implique pas les mêmes actes et le même ressenti, que de jouer à être la servante, ou la bonne, ou l'écolière, etc. Et je dis bien "jouer à". Ce jeu peut prendre une place très importante dans la vie du couple ou ne durer que le temps d'un week-end, il s'agit à chaque fois de prendre plaisir à... Sans plaisir, pas de bdsm, pas de soumission-pas de domination, non plus. Erigé en art de vivre, le bdsm est toujours un jeu pour adulte. "Faut rigoler, faut s'amuser, avant que le ciel nous tombe sur la tête..." On peut jouer un peu, souvent, tout le temps, mais alors le jeu change de forme. Il est impossible de faire du "hard" sans discontinuer, il n'y aurait alors plus que de la répétition fastidieuse. Comme dit précédemment, la soumise et le Maître ont passé un contrat, qu'il est possible de rompre à tout moment par l'un ou par l'autre. Même si la soumise va avoir du mal à dépasser le sentiment de dépendance (inhérent à sa soumission) vis à vis de son Maître, quand elle ne trouve plus d'intérêt à cette relation, le contrat est rompu, et seuls les inconscients persistent à enchaîner à leurs vues une femme/un homme qui ne veut plus de ces jeux. Cela s'apparente au viol, non plus au sens de jeu (puisqu'on peut penser et réaliser un scénario de viol, consenti au préalable par les partenaires). Forcer quelqu'un à jouer...C'est impossible. Forcer quelqu'un à donner son corps, alors que l'action n'est pas voulue, c'est du viol, même sans contact physique. Si le couple bdsm n'a plus de sens pour l'un des deux partenaires, même une humiliation est faire violence à celui qui n'en veut pas. Beaucoup de moyens sont en général mis en place par les Maîtres vis à vis de leurs soumises pour savoir en permanence quelles sont leurs envies et pour réactualiser leurs limites. Discussion, courrier, journal de bord,... Il faut maintenir une franchise qui permet le respect de chacun. Ce n'est pas parce que la soumise a osé dire non, qu'elle ne dira jamais oui à telle action. Personne n'est en bonne forme 24h/24h, tout le monde a ses bons et mauvais jours. Il est toujours possible, et indispensable de dire non à son Maître quand on ne se sent pas bien ou simplement pas d'obéir. C'est un jeu. Et les conséquences psychologiques sont énormes quand l'un ou l'autre ne respecte pas les freins de la vie quotidienne. C'est aussi un paradoxe, la soumise doit dépasser ses limites, mais si le Maître va trop vite, la soumise prendra peur et ne voudra plus jouer. Une soumise peut penser que marcher à quatre pattes dignement est très facile, mais quand arrive le jour j, ne plus se sentir prête du tout pour cet exercice. Au Maître de bien connaître sa soumise pour savoir jusqu'où il peut la pousser, sans la détruire. A la soumise aussi de ne pas abuser de son non ou de son safe-word. Je différencie l'esclave de la soumise. La soumise obéit pour avoir ce qu'elle veut comme jouissance, physique ou mentale. L'esclave ne passe pas de contrat, et doit obéir malgré toutes ses difficultés. C'est un abandon total, une perte d'identité pour mieux s'affirmer. Soyons sérieux, c'est toujours un jeu. Plus dur: pas de safe-word possible, pas d'échappatoire. La soumise a accepté de tout abandonner d'elle pour se conformer le plus parfaitement possible aux désirs de son Maître. Il ne doit plus rien rester que son envie de plaire, de séduire, de n'être que ce que son Maître veut d'elle. C'est un jeu qui me passionne, car il me permet justement d'aller au bout, voire de dépasser mes limites, encore plus que dans la soumission. Chacun a ses raisons pour jouer, pour prendre tel rôle qui lui convient. En regardant un dictionnaire des synonymes, j'ai trouvé beaucoup de mots raccrochant mon fantasme à nos jeux. La soumission se décline entre acquiescement, allégeance, dépendance, discipline, docilité, fidélité, humilité, obédience, obéissance, résignation. Mais aussi abaissement, asservissement, esclavage, inféodation, joug, merci, réduction, servilité, servitude, subordination, sujétion, vassalité. Aucun de ces mots pour moi n'a de sens péjoratif: Tous sont l'expression de ce que je trouve beau et bon. Bien sûr, je reste persuadée que tous n'ont pas les mêmes affects que moi vis à vis de ceux-ci. Mais je ne trouve rien de plus doux que d'être aux pieds de mon Maître, attendant sagement l'issue de mon sort. Chacun ses plaisirs... Tant que le respect et l'amour guideront Sa main et Ses mots, je me courberai devant Lui pour qu'Il m'envole encore. ©cleya{Tx} 11/2005 |