UN CONTRAT POURQUOI ?

La majorité des opposants au contrat tire, de son absence de valeur juridique, son principal argument. Certes on pourrait rétorquer que dans le monde BDSM ce contrat a une valeur et qu’aucun Maître digne de ce nom n’accepterait une soumise en rupture de contrat, mais cela semble une utopie.

Leur erreur est de confondre contrat pré-rédigé que l’on ferait signer sous la pression et contrat rédigé à deux. Le temps de la rédaction du contrat est peut-être le temps le plus important, c’est mettre noir sur blanc les buts et les moyens de la relation. C’est devant la difficulté d’énoncer clairement ce que l’on pensait concevoir clairement que l’on s’aperçoit que les mêmes mots cachent des visions différentes de la relation.

La rédaction à deux du contrat, dernière balise avant de passer à l’action, est l’étape fondamentale où l’on s’assure que c’est finalement bien le même voyage que l’on veut faire et où l’on fixe précisément les droits et devoirs réciproques.

Quelques uns diront que la rédaction du contrat tue le « romantisme » de l’aventure, ils se privent d’un des moments forts de la relation. A chacun d’imaginer pour la signature du contrat une cérémonie forte sur le plan émotionnel, véritable intronisation de la soumise, que chacun gardera en mémoire comme le jour où tout a réellement commencé.

Les optimistes disent qu’entre gens de bonne compagnie pas besoin de contrat pour aplanir les difficultés qui pourraient surgir en cours de route. C’est être bien optimiste, partent-ils en voyage sans assurance rapatriement sous prétexte qu’ils sont en bonne santé ? Le contrat doit être vu non comme un papier à brandir à la première difficulté mais comme un garde-fou lorsque la relation déborde du cadre fixé.

Compte tenu des rôles de chacun le contrat est plus là pour protéger la soumise d’éventuels débordements de son Maître, le seul moyen pour elle de dire non à son Maître sans déroger à ses obligations. Serait-ce la raison inavouée de la farouche opposition de certains maîtres à la notion même de contrat ?

Certains enfin reprocheront au contrat sa rigidité, son manque de fantaisie. En effet, le contrat c’est dire ce que l’on va faire pour ensuite faire ce que l’on a dit. Le contrat est donc le « plan de route » de la relation cela en est l’élément structurant. C’est en fixant les objectifs à atteindre que le contrat évite que la relation ne parte tout azimut transformant ainsi ce qui aurait dû être une histoire écrite à deux en un machin sans queue ni tête qui n’aboutira nul part. Le danger est alors de voir ce qui devait être une histoire BDSM se transformer en une succession de séances SM.

Le contrat est un garde-fou destiné à harmoniser les rapports entre deux personnes conscientes de leurs désirs et intègres. Il ne protégera ni des inconscients ni des fourbes qui le signeront sans réfléchir ou avec des arrières-pensées. Il ne résistera ni aux poignards du mensonge ni au poison de la duplicité. La relation BDSM étant une dynamique le contrat n’est pas là pour être rigide et sclérosé, né du dialogue il doit en être le vecteur privilégié sous peine de péricliter.