Le Safeword

Le safeword, mot sans lequel il est imprudent de s’embarquer dans une séance, c’est au BDSM ce qu’est le signal d’alarme à la SNCF. C’est le cri que pousse la soumise quand plus rien ne va et qu’elle se sent défaillir. Dès que la soumise le prononce la séance s’arrête immédiatement et le Maître doit, comme le machiniste de la SNCF, tout stopper sans même chercher à savoir ce qui arrive, quitte pour cela à couper ses belles cordes toutes neuves.

Le choix du safeword est important, celui ci doit être court afin de pouvoir être prononcé par une soumise sur le point de perdre pied, idéalement une mono-syllabe, il doit être signifiant « visuellement » c’est pour cela que ma préférence va au mot anglais RED plutôt qu’à rouge. On devra convenir avec la soumise de ce mot et s’assurer qu’il a une résonance forte en elle. Lors des séances où la soumise est bâillonnée il faudra convenir d’un signe, d’une action simple (lâcher un mouchoir) qui en tiendra lieu.

Le safeword n’est pas un mot anodin et comme tout signal d’alarme il ne devra pas être utilisé à tort et à travers, ce n‘est pas un mot pour dire que ce qui se passe est trop fort ou déplaisant. Il faudra se méfier car ce n’est pas une arme absolue. Pour beaucoup de soumises prononcer le safeword est vécu comme un échec, une faute. Elles préféreraient perdre connaissance plutôt que de le prononcer, elles peuvent alors résister trop longtemps avant de vouloir le prononcer et ne plus en être capables. C’est donc au Maître de savoir rester vigilant et de constamment rester en éveil devant tout signe pouvant faire penser que la soumise a un problème.

Lorsque le safeword est prononcé, la séance s’arrête mais tout n’est pas fini bien au contraire. Si la soumise l’a prononcé c’est qu’elle était dans une situation de stress physique et moral intense. Il faudra la détacher, si elle était attachée, l’installer dans une position confortable, veiller à sa récupération physique. Pour la soumise prononcer le safeword est vécu comme une situation traumatisante, un échec, c’est pour elle une perte de confiance en elle-même mais aussi dans son Maître. Dans un premier temps il faudra la rassurer, la réconforter par des mots et des gestes tendres. Une fois la soumise remise sur pieds il ne faudra pas se précipiter pour reprendre la séance mais au contraire discuter de ce qui s’est passé, de ce qui a coincé, d’où est venu le malaise, bref faire un vrai debreefing franc et honnête ou le Maître devra s’il a commis des fautes les reconnaître franchement. Les jeux suivants seront plus calmes que d’habitude, leur but étant essentiellement de « remettre la machine sur ses rails ».

Le safeword étant réservé aux situations de détresse extrême, comment savoir ce que ressent une soumise lors d’une séance?
Lorsque le Maître connaît bien sa soumise, il reçoit de sa part de précieux messages non verbaux (langage du corps) qui le guident. Par contre, il est intéressant, lorsque l’on a peu l’habitude de faire des séances avec une soumise, de convenir d’un code simple pour indiquer ce qu’elle ressent. Le plus classique est le code des couleurs :
vert = peut supporter plus,
orage = parfait,
rouge = trop fort, limites presque atteintes.
C’est à chacun de choisir un code en fonction des informations dont il a besoin. J’ai pour habitude que la soumise donne les couleurs à mon initiative sauf pour le « rouge » qu’elle peut spontanément prononcer, ceci pour ne pas transformer la séance en un clignotement verbal de couleurs.