Soumise

La soumise est celle qui se soumet aurait dit Monsieur de La Palisse. En se soumettant, elle donne le pouvoir à celui qu’elle s’est choisi en confiance comme son Dom / Maître et se place dans un rapport de dépendance vis-à-vis de lui. Si elle accepte son pouvoir c’est pour qu’il la guide dans ses désirs et la révèle à elle-même, non pour qu’il l’utilise pour satisfaire ses propres lubies.

La soumise se confie à l’autre dans un cadre et des limites précises connues et acceptées des deux, certains ont pu ainsi dire non sans humour que « la soumise trace les limites du pré dans lequel gambade le Maître ». En se soumettant, elle s’engage à veiller au plaisir de son Maître et à suivre les règles qu’il lui impose, pour autant que celles-ci correspondent à ses attentes profondes et contribuent à son évolution, elle a le droit (le devoir ?) de refuser toute chose qui sortirait du cadre fixé, ou qui serait contraire à ses aspirations.

On est loin du phantasme de certains qui s’imaginent qu’une fois le collier passé au cou de la soumise, ils peuvent tout exiger d’elle, même si cela va à l’encontre de ses envies ou heurte ses sentiments. Elle n’est pas là pour obéir servilement à celui qui abusant de sa confiance et de sa méconnaissance de ce monde tenterait de lui faire croire qu’il y a des choses qu’une « bonne soumise »* doit subir sans discuter, elle ne ferait alors que servir l’ego dilaté d’une « bite en fleur », au risque de se déstabiliser.

La soumise, contrairement à ce qu’imaginent certains, n’est nullement une potiche passive se tenant béatement aux pieds de son Maître, au contraire elle est actrice de la relation, s’investissant dans celle-ci tout autant que lui. Si elle se plie aux consignes et aux règles qu’il édicte pour elle, ce n’est pas par peur d’une quelconque punition mais par envie de se dépasser, par volonté de progresser, tant pour le plaisir qu’offrir sa soumission à son Maître lui procure, que pour le plaisir qu’il a la recevoir. C’est en étant active qu’elle assume ses choix, ses désirs et affirme ainsi sa liberté.

À la différence de la masochiste qui ne met aucun affect dans la relation, son partenaire n’étant qu’un vecteur de plaisir interchangeable, la soumise ne peut vivre sa relation sans éprouver des sentiments pour son Maître. En se confiant à lui, certes, elle lui offre son corps mais, surtout, elle lui donne aussi les clefs de son cœur. Si en tant que soumise, elle l’a choisi comme guide pour ses compétences et la confiance qu’elle place en lui, en tant que femme c’est son cœur qu’elle a laissé parler en le choisissant comme compagnon de route. La soumise se confie au Maître, la femme se donne à l’amant.

* La « bonne soumise », petite sœur BDSM de Nessie le monstre du loch Ness, comme elle, elle hante les fantasmes de certains tartarins du BDSM et malheureusement de certaines soumises assez naïves pour se faire embobiner par d’habiles bonimenteurs. Créature fantasmatique, comme sa sœur Écossaise, elle n‘est que le reflet des obsessions de ceux qui la traquent. Pour les uns la « bonne soumise » devra être prête à être couverte par le plus de mâles possible, ensemble ou à la chaîne. Pour d’autres elle devra, sous prétexte de l’éduquer ou de développer sa bisexualité, servir d’appât pour capturer d’autres naïves comme elle. D’autres la voudront chienne capable de courir le « 100 mètres 4 pattes » en moins de 30 secondes, de laper une gamelle et de la nettoyer en 55 secondes et d’aboyer le répertoire complet de Sardou (Michel, pas Ferdinant le musicien)
… Bref jamais femme épanouie toujours caricature de femme à l’image de celle qui hante l’inconscient de leur utilisateur.

Je te vois sourire ami lecteur qui m’a suivi jusqu’ici et qui sait qu’en BDSM il n’y a pas de « haute autorité » qui édicte ce que doit être la relation, et que chaque relation est unique, consensuelle, issue d’un dialogue entre les partenaires. Tu as compris que « la bonne soumise » est une escroquerie inventée par certains pour tenter de donner à leurs obsessions un semblant d’universalité, leur permettant de culpabiliser leurs proies en leur faisant gober que si elles n’adhèrent pas leurs névroses c’est qu’elles ne sont pas à la hauteur.