Esclave

Le terme « esclave » a, dans la bouche de certains, une connotation très péjorative, souvenir de l’époque pas si éloignée de la traite des esclaves, oubliant par la même que le philosophe grec, Ésope, était un esclave. Ceux-ci voient dans l’esclave une sous-espèce à mi-chemin entre la chienne et la carpette, qui a perdu toute capacité de réflexion et n’est plus bonne qu’à ânonner servilement les inepties qu’un tyran névrotique lui a inculqué. On est bien loin du « sûr, sain, consensuel » et par la même hors du champ du BDSM, on entre de plein pied dans le domaine de la psychopathologie.
Il convient de se débarrasser de la connotation péjorative que certains ont, a tord, donné à l’esclave dans le monde BDSM, pour revenir a une définition plus proche de celle de la langue française.

L’esclave est avant tout celle qui se donne totalement et sans limites à son Maître. Là réside la grande différence avec l’esclave « classique » où l’esclave est soit fait prisonnier soit acheté par le maître. Dans le monde BDSM, c’est l’esclave qui, de sa propre initiative décide librement de se donner à celui qu’elle a choisi comme Maître. C’est à lui et à lui seul qu’elle se donne, même esclave elle reste une femme non une marchandise échangeable, il ne peut ni la prêter ni la donner (la louer ou la vendre serait du proxénétisme non du BDSM ).

Qu’on ne s’y trompe pas, même si ce don est a priori « pour la vie », que le Maître se montre indigne du présent qui lui est fait et c’est avec autant de fougue qu’elle reprendra sa liberté.

Ce don n’est pas un abandon d’elle-même, une négation de soi, au contraire c’est affirmer sa volonté d’appartenance, assumer totalement ses désirs d’obéissance. Ce passage de la soumise à l’esclave est l’aboutissement de la longue maturation qui l’a conduit à une acceptation sans réserves de soi, de la relation, de l’autre. La femme a accepté la soumise qui était en elle, la soumise a été conquise par l’amant. C’est cette double acceptation qui permet que le don devienne total, absolu.

C’est la connaissance que chacun a de l’autre qui permet de s’affranchir des limites, d’explicites, celles-ci sont devenues implicites, il n’y a plus de consensus à rechercher, la relation est consensus. Ce n’est donc pas un blanc seing que l’esclave donne au Maître, porte ouverte à toutes les dérives, au contraire, c’est la preuve ultime de la confiance qu’elle a en lui, elle a acquis la conviction qu’il tiendra la barre d’une main assurée.

Pour reprendre l’analogie du pré chère à certains on peut dire « l’esclave a enlevé les barrières, ils sont libre d’explorer tous les territoires, elle sait que le maître n’ira pas les perdre dans des ornières ».

Acmé de l’évolution de la soumise, l’esclave est aux yeux de certains une utopie, un rêve ultime pour d’autres ; mais peut-on parler de l’esclave sans parler du Maître ? L’esclave n’existe que par et pour son Maître de même qu’il n’existe que par et pour elle, ce ne sont plus deux individus mais la fusion de deux être, dans une entité qui les transcende, le couple Maître/esclave.

Quête d’absolu l’esclave en a la magie, mais il n’est pas donné à tout le monde de danser sur le fil du rasoir, alors avant de vouloir devenir esclave, avant de vouloir conduire sa soumise a l’esclavage on se rappellera cette maxime Romaine « Arx tarpeia Capitoli proxima » (la roche Tarpéienne, d’où les criminels étaient précipites dans le vide, est proche du Capitole, lieux de couronnement des empereurs).