Rencontre et sécurité :

Le fantasme d’O conduite les yeux bandés à Rossy est très répandu. Certaines pour avoir voulu le réaliser avec un beau parleur croisé au détour d’un chat au mépris de toute prudence en sont revenues marquées à vie dans leur chair et leur esprit. Alors si tu ne veux pas vivre l’enfer qu’elles ont parfois vécu, un peu de prudence s’impose. Il te faudra des garanties et même si cela n’est pas très romantique, ta sécurité est à ce prix, ce n’est pas une fois les mains liées et bâillonnée qu’il faudra y penser. N’ai pas peur, si l’élu de ton cœur n’a pas d’arrières pensées, il n’en prendra pas ombrage, souvent même, il te les aura fournies spontanément ; s’il en prenait ombrage, c’est suspect, refuse passe ton chemin.

Certes tu as son numéro de portable, si pour une première rencontre dans un café cela suffit, pour une première « séance » chez lui ou dans un lieu choisi par lui c’est insuffisant. Rien ne prouve que c’est le sien, il te faut son numéro de fixe et avoir vérifié qu’il est valable et correspond bien à son adresse ; adresse qu’il t’aura, évidemment, donné. Il rechigne et ne veut pas que tu téléphones à ce numéro, c’est étrange, le prince charmant aurait-il femme et enfants dont il a omis de parler ? Quel distrait !

La « séance » ne se passera pas chez lui, tu dois savoir où elle se déroulera et, là aussi, avoir vérifié que l’adresse existe bien et à quoi elle correspond, évidemment il n’est pas question de changer d’endroit de façon impromptue.

Tous ces renseignements tu ne te contenteras pas de les garder pour toi tu en confiras une copie à un de tes proches au courant de ta rencontre afin qu’en cas de problème il puisse intervenir. Certaines et c’est une bonne pratique, demandent à cette personne de leur téléphoner quelques temps après l’heure prévue pour la rencontre afin de vérifier que tout se passe bien, un code peut même avoir été convenu. Le plus en sécurité apporté par cette pratique est bien supérieur au désagrément que cela pourrait entraîner, il serait donc dommage de ne pas le faire, d’autant qu’un Maître responsable ne s’en offusquera pas bien au contraire.

La séance d’essai :

Une des plus belles escroqueries à laquelle tu seras peut-être confrontée si tu es une « aspirante soumise » est la séance d’essai que quelques uns de tes contacts exigeront comme préambule à ta « prise en main ». Et oui certains soi-disant maîtres confondent visiblement prise en charge d’un soumise et achat d’une voiture, cela n’a rien de surprenant puisque pour eux une soumise n’est qu’un objet parmi d’autres.

Leur argument affiché tester tes capacités à être ce qu’ils nomment une « bonne soumise ». Tu l’as compris, pour eux être soumise se résume à être capable de subir sans broncher les caprices du besogneux de la libido qu’ils sont, ce qu’ils testeront c’est ton aptitude à, suivant l’expression consacré, « te taire et sucer ». Pour eux le BDSM n’est qu’un alibi, ils ne voient dans la candidate soumise qu’un coup facile qui sous prétexte d’obéissance ne remettra pas en cause leurs faiblesses. Le côté psychique et émotionnel de la relation, ils n’en ont cure. Ils ne cherchent pas à explorer à deux le monde du BDSM mais juste à satisfaire leur pulsion du moment, ils sont au BDSM ce que les touristes sexuels sont aux explorateurs.

Tu ne te sens pas une âme d’objet, même si ton châssis est parfait et tu veux être traité comme un individu, alors, décline leur invitation à la « séance d’essai », tout ce que tu découvrirais c’est leur inaptitude à être un Maître.

Combien même tu te sentirais l’âme d’une Roll Royce propriété d’un Sir Stephen ne rêve pas, pour eux tu ne seras qu’une catégorie A chez un quelconque loueur de voiture discount, la « séance d’essai » ne sera suivie d’aucune relation ; tout au plus d’autres séances toujours identiques si tu es « un bon coup », leur imaginaire ne dépassant pas le niveau de leur ceinture.

Il ne faut pas confondre cette « séance d’essai » exigée par quelque tartarin du bdsm avec une « séance de découverte ». Il arrive que certaines éprouvent le besoin de comprendre les sensations que l’on peut ressentir dans ces moments là avant de se lancer à l’eau. Les rôles sont donc inversés, c’est la soumise qui est demandeuse. Ce n’est plus Tartarin qui veut jouer avec sa proie facile, mais c'est ,elle qui souhaite découvrir ce monde sous la conduite d’un maître dans lequel elle place sa confiance, sans préjuger d’une quelconque relation à venir entre eux.
Même si je considère qu’il n’y a pas de plus belle découverte de ces plaisir qu’entre les mains de son Maître, il m’est arrivé, en de rares occasions, d’accepter de guider les premiers pas d’une « aspirante soumise ». Ce ne fut qu’après un long dialogue au cours duquel une certaine connivence s’était instalée et après avoir acquis la conviction qu’une telle séance contribuerait à aider mon interlocutrice à franchir un cap.