Grandeur et misère des chats :

Rapidement, certains voyant l’intérêt d’Internet comme moyen d’échange, des chats se sont développés ; lieux d’échanges entre personnes partageant des centres d’intérêt communs. Il était logique que la communauté BDSM créé aussi ses chats.

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Les premiers chats furent ceux basés sur le protocole IRC, à côté des chats purement communautaires, dans la droite ligne de la philosophie initiale d’Internet ; tels que irc.bondage.com, certains sites commerciaux, essentiellement des fournisseurs d’accès (respublica devenu tiscali, caramail ), ont créé des serveurs IRC accueillant des salons centré sur le BDSM.

L’interface IRC, assez simpliste d’un point de vue graphique, a néanmoins permis de créer des sites fonctionnels axés sur la convivialité. Ces salles sont comme des mini places publiques où chacun peut s’exprimer et échanger des points de vues avec les autres participants sur la fenêtre principale de l’écran ou « général », sur le côté de celui-ci, la liste des personnes connectées (sur elles peu d’information au maximum leur ASV (âge, sexe,ville) si elles l’ont rempli), des conventions typographiques permettant de reconnaître le statut des personnes. Une fonctionnalité permet d’ouvrir un mini salon, ou « PV » pour discuter en tête à tête avec une personne précise.

Si au premier abord, tu pourrais trouver ces sites peu adapté à la recherche du partenaire il n’en est rien, certes au début tu ne connaîtras personne, c’est en venant régulièrement sur un salon que tu apprendras à connaître les différents habitués et que tu te feras connaître d’eux. C’est au fil des discussions que des liens, au début amicaux, se tisseront avec tel ou tel habitué, porte ouverte à des discussions en PV et qui sait ensuite...

Même si on est dans le virtuel, la démarche est assez proche de la rencontre classique. L’attirance vers l’autre se fait d’abord sur sa personnalité, non sur sa recherche précise comme c’est le cas avec les annonces.

Avantage et inconvénient, sur ces sites les gens se connaissant, souvent en réel, on pourra ainsi avoir des informations sur telle ou telle personne (est-elle réellement ce qu’elle prétend être, est-ce quelqu’un de fiable) ; revers de la médaille les ragots et inimitiés s’y propagent rapidement.

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Le monde du BDSM n’a pas échappé à la vague de sites commerciaux qui a déferlé sur Internet et sont apparus des sites de discussion, souvent émanation des sites minitels, avec des interfaces sophistiquées, le plus souvent payants, au moins pour les hommes seuls. Sites orientés rencontre, les abonnées disposent d’un profil où ils peuvent se présenter et présenter leur recherche, souvent c’est une véritable annonce avec possibilité d’y insérer des galeries photo qui est offerte, par contre ces sites n’offrent que la possibilité d’un dialogue « en tête à tête ». Il ne te reste plus qu’à contacter les personnes dont le profil semble correspondre et dialoguer enfin cela est la théorie.

Il ne faut pas rêver, il y a une nette disproportion entre hommes, couples et femmes. Ainsi sur deux des sites les plus connus nous trouvons entre 17% et 22% de femmes (dont plus du tiers de dominatrices), 51% et 69% d’hommes, 31% et 8% de couples (le premier site étant issu de milieu libertin). Les candidates soumises sont donc submergées de messages.

Si tu es un Maître, sortir du lot ne sera pas chose aisée même avec une annonce parfaitement rédigée. D’ailleurs cette soumise à qui tu viens d’écrire est-elle réellement une femme ou un fantasmeur venant traîner ses névroses sur le chat ? La rumeur prétend que sur certains sites ils représentent plus de la moitié des « soumises », si tu es une soumise il te faudra rapidement apprendre à trier le bon grain de l’ivraie sinon tu te fourvoieras dans des dialogues sans intérêt au risque de passer à côté de Maîtres réellement intéressants.

L’intérêt de ces sites est de pouvoir affiner l’impression donnée par une annonce, c’est le moment de tester si l’auteur du monologue qu’elle constitue est capable de dialogue c’est a dire d’échange de points de vue, de discussion ouverte.

Il te sera facile d’éliminer dès les premiers échanges ceux qui n’ont rien compris du tout, que ce soit un « maître » t’abordant d’un tonitruant « à genoux chienne ! » ou du tout aussi élégant « présente toi femelle ! », ou une soumise qui te donne du Maître dès la première phrase et demande au bout de 5 minutes de dialogue à ce que tu lui donnes des ordres.

Certains te demanderont de faire un scénario, que ce soit une prétendue soumise voulant tester tes aptitudes de maître ou un soit disant maître voulant tester tes capacités de soumise. Le BDSM se vit en tête à tête et non planqué derrière l’anonymat d’un écran… alors laisse les amateurs de scénario à leurs chimères électroniques.

Plus délicat, sera de se méfier de ceux ou celles qui en fait se contentent d’énoncer leurs envies sans écouter l’autre, seront-ils capables dans une relation d’établir un consensus et d’entretenir le dialogue ou voudront-ils imposer leur volonté ?

Il faudra tout autant se méfier de ceux qui te laisseront parler se contentant d’acquiescer périodiquement, savent ils ce qu’ils veulent réellement ou pire, ne sont-ils pas en train de te laisser te dévoiler pour mieux te manipuler ensuite, certains maîtres peux scrupuleux n’hésitant pas à laisser croire qu’ils partagent tes envies, pour une fois la « proie » ferrée, imposer leurs dictats.

Un « dial » intéressant sera une conversation à bâtons rompus où chacun, certes pourra exprimer ses envies BDSM et « entendre » celles de l’autre, mais surtout laissera transparaître sa personnalité, ses goûts ; bref une discussion non entre un Maître potentiel et une soumise hypothétique mais entre un homme et une femme biens réels. Enfin presque réels même si une proximité semble se créer, l’autre n’est encore (même si vous vous êtes échangés des photos) qu’une suite de mots sur un écran.

Alors ne t’emballe pas, l’autre n’est encore qu’une chimère,fruit d’informations qu’il/elle t’a donné, que ton esprit a reconstruit à sa convenance. C’est pour cela que beaucoup de coups de foudre virtuels ne survivront pas à une première rencontre. Alors ne laisse pas ton cœur s’emballer ne commence surtout pas à jouer sur la toile le plus dur reste à faire passer de l’autre côté de l’écran et prendre pied dans le réel.

Certains préféreront faire une étape sur msn ou un autre site similaire, il ne faut pas rêver, même si la proximité semble plus grande et si l’option « web cam » laisse croire que l’on connaît mieux l’autre pour l’avoir vu hocher la tête, pour regarder alternativement son écran puis la caméra, on n’en est pas moins encore derrière la barrière d’un écran. Le seul avantage de ce type de chat est de pouvoir avoir une discussion plus suivie donc plus profonde avec quelqu’un dont la conversation sortira du lot.

Certes, il ne faut pas se précipiter sur le ou la première venue et lui proposer d’échanger par téléphone dès les tous premiers échanges, mais lorsque le dialogue aura livré une impression positive de l’autre il ne faudra pas le laisser s’enliser mais savoir passer à l’étape suivante.